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Faux garantis sur facture

25 mars 2009

9-TU FAIS ENCORE DES FAUX

Son amitié a été essentielle pour me recycler à New York. Grâce à lui j’ai obtenu un pardon rapide des collectionneurs qui lui ont moins pardonné qu’à moi. Ici tout se ramène à une chose : Le fric ! Tu t’imagines la tête qu’ont fait les marchands quand la justice à mis le nez dans leurs affaires pour leur dire qu'ils ne pourraient pas faire les bénéfices escomptés avec les tableaux que je leur avait vendu ! Et tu peux imaginer leurs têtes quand le juge racontait que j’étais réformé... alors qu’ils sont presque tous venu me voir lorsque je suis rentré à New York.

DavidStein9

-Tu fais toujours des faux ?

-Nonnnnn ! Quant le Juge Stone a pris sa retraite il a voulu vérifier que je peignais bien des pots de fleurs pour des mamies retraités. Moi! David Stein !  Je lui ai laissé faire quelques deals avec des croûtes…mais heureusement j’ai réussi à le décourager.

-Donc tu fais pas des pots de fleurs pour les retraités ! C'est ça ?

-Voilaaa ! Si je fais des bouquets de fleurs c’est plutôt dans le style tournesols et pour des gens plein aux as. Moi je fonctionne là où il y a du fric et mon fric je l’ai toujours gagné dans la jet set !

-Et le juge dans tout ça ?

-C’est une bonne question.…Comment oublier un ami qui m’a poursuivi, harcelé et foutu en taule pour cinq ans ?

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

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21 mars 2009

8-L'ALPHA ET LES ROMEOS

La petite Alpha rouge décapotable était bien adaptée pour se glisser dans les rues de Greenwich village. L’entretien avait mis David de bonne humeur et il me parlait du Juge en jetant des regards furtifs dans son rétroviseur.


-« Joe m’a ouvert des perspectives sur la manière dont cette question était traitée par les américains, et puis il m’a aidé. Je ne dirais pas qu’il est comme un père, ce serait un peu exagéré, mais il est un soutien moral très actif... Son intrusion dans mon éxistence a complètement bouleversé ma vie mais assez ironiquement, elle a bouleversé la sienne aussi, du fait que mon histoire l’a marqué. Il en parle encore vingt ans après.

-Personne d'autre n'a essayé de te coincer ?

-Si, après la prison lorsque je suis revenu c’était le rêve des flics de me coincer. Et c’est encore le cas. A New York il y a un flic du nom de Bradley, un minable; il se donne des allures de play-boy. Il a des grandes photos dans les journaux, col ouvert, grand sourire ravageur... et il cherche la publicité… il doit rêver qu’un jour il va pouvoir arrêter une seconde fois le fameux faussaire. Il cherche la première page dans les journaux, et si il m’arrêtait demain ça ferait effectivement la première page des journaux.

-Sérieusement ?

-Il est très probable que je suis sous surveillance, ou qu’il fasse enregistrer mes conversations téléphoniques... Mais tout ça c’est beaucoup de bruit pour rien. Il ne peux rien contre moi, il est neutralisé. Maintenant je suis assez connu à New York pour pas avoir besoin de jouer au faussaire...moi, je vends des David Stein, et au grand jour en plus !

-… Dis-moi qu’est ce qui est arrivé au Juge Stone pour qu’il devienne ton avocat ? »

David se tourna vers moi. Ses lunettes noires lui donnaient soudain l’apparence d'un méchant mafieux.

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

13 mars 2009

7-LE JUGE ME PARLE

Comme un homme qui se prépare à plonger en apnée, il ferma les yeux et resta concentré un moment avant de se lancer avec un ton dramatique.

As a man who gets ready to dive in apnea, he closed eyes and remained concentrated one instant before launching with a dramatic tone.

- " Un vendredi soir, après le départ de tout le monde, j’avais promis à ma femme de la rejoindre dans un restaurant pour dîner avec quelques amis. Le téléphone sonna et je répondis.

- " A Friday evening, after the departure of everybody, I had promised to my wife to join it in a restaurant to have dinner with some friends. The telephone rang and I answered.

Un homme quasiment hystérique était à l’autre bout du fil ; d’après ce que je pu saisir de son discours, il avait acheté des peintures qu’on lui avait présenté comme des originaux de Chagall et voulait me voir Immédiatement. Une chose m’avait frappé dans notre conversation : il avait acheté les tableaux dans une galerie de Park Avenue chez David Stein, et avant même de réaliser, je m’entendais dire "d’accord venez, je vous consacre un peu de temps et nous verrons de quoi il s’agit".

A practically hysterical man was in the other end of the phone; according to what I been able to grab with his speech, he had bought paintings that they had introduced him as Chagall and wanted to see me Immediately. A thing had hit me in our dialogue: he had bought pictures in a gallery of Park Avenue at David Stein, and even before accomplishing, I intended say “ OK I dedicate you a little of time ”.

Quant monsieur Yamet, le plaignant, arriva au bureau il me dit avoir la confirmation que les œuvres étaient des faux et insista pour mener une enquête avant que les peintures disparaissent des galeries à qui il les avaient laissé.

When mister Yamet, the complainant, arrived at the office he insisted to lead an investigation NOW and before paintings disappears from galleries to whom he had left them.

Hé bien je ne suis jamais allé à ce dîner avec ma femme et mes amis. A la place, je me retrouvais sur la route de la Dorlet Galery, à Douglaston, en compagnie de Nick Barrett, mon détective préféré et de monsieur Yamet.

Well, I have never gone to this dinner with my wife and my friends. I was on the road of Dorlet Galery, in Douglaston, together with Nick Barrett, my favourite detective and mister Yamet.

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

11 mars 2009

6-LE JUGE STONE

Le juge Joseph Stone avait été à la tête du bureau des affaires criminelles du conté de New York, et pendant de longues années avait supervisé le travail d’un staff composé de détectives, d’employés, de secrétaires de dactylos et de trente juristes qui avait la chargé de poursuivre les crimes commis sur l’Ile de Manhattan. Avant d'être nommé Juge à la court criminel, c'est lui qui avait mené les enquêtes sur l'affaire des Quiz show, et pour satisfaire ses penchants artistiques, il avait personnellement poursuivit les investigations sur les copies d’œuvre d’art. Puis, à l’age de la retraite, il avait exercé une activité d'avocat.

D'un caractère aimable et poli, il avait acquit une experience des hommes et de leurs travers qui lui donnait un air totalement imperméable. Et lorsqu’il était contrarié il était aussi aimable qu’un porc-épic qui vient de passer le nuit dans un micro-ondes. Mais, il avait une solide réputation d'incorruptible qui mettait ses petits défauts au second rang.

Je voulais avoir sa version des faits.

Il m’accueilli dans un bureau spartiate préparé pour l’entretien : Une grande table en verre, une bibliothèque trois chaises et trois verres d’eau. Lui, moi et David Stein.

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

10 mars 2009

5-JE RENCONTRE DAVID STEIN

Je regardais les photos publiées. Le faussaire milliardaire était photographié sur le toit d’un immeuble avec des pinceaux coincés entre chaque orteil, assis sur une chaise face à un chevalet où trônait une toile " à la manière de Modigliani" Par-dessus mon épaule, il était à l'affût de chaque réaction. Puis il estima que j'avais passé assez de temps à l'admirer sur papier glacé.

I looked at the published photos. The billionaire art forger was photographed on the roof of a building with brushes clamped between every toe, sat on a chair in front of an easel where throned a painting " in the style of Modigliani "  Over my shoulder, he was in the hide of every reaction. Then he considered that I had spent enough time to admire him on glazed paper. 

Sur une toile blanche, Stein avait tracé le corps d'une femme à la manière de Modigliani, encore lui, et avec un pinceau sec passa encore et encore sur les lignes déjà tracées pendant que je cherchais un angle satisfaisant.

-C’est bon, vous avez la photo ? me demanda-t-il à plusieurs reprises.

On a white canvas, Stein had drawn the body of a woman in the style of Modigliani, still he, and with a dry brush passed again and again on the already drawn lines while I looked for a satisfactory angle.

- it is good, you have the photo ? He asked me repeatedly.

Je n'étais pas satisfait et voulais d'autres photos. Stein juché sur un tabouret pour peindre une grande toile, répondant au téléphone, lisant un livre d’art. Il s'exécuta avec la plus grande concentration tout en m'exposant les théories sur lesquels il justifiait son travail.

I was not satisfied and wanted some other photos. Stein perched on a stool to paint a big canvas, answering the telephone, reading an art book. He ran with the biggest concentration while exposingexplaining me the theories on whom he justified his work.

"…Tout artiste commence par le pastiche…Nous revenons sans relâche sur les traces de nos maîtres…De nombreux peintres ont fait des faux de leurs propres peintures…Le monde de l'art est jalonné de plagiats et les prisons ne sont pas pleine d'artistes…"

" … Every artist begins with the pastiche … We return relentlessly on the tracks of our masters … Numerous painters made false of their own paintings… The world of the art is marked out by plagiarisms and prisons are not full of artists … "

Lorsque je lui posais des questions précises sur sa vie de faussaire, il me répondit avec fausse modestie que son histoire n’intéressait plus personne...puis me déballa tout sans me laisser le temps de souffler. Son récit se terminait par une déclaration qui laissait place à de nombreuses interrogations :

When I asked him precise questions on his counterfeiter's life, he answered me with false modesty that his story interested any more nobody then displayed me everything without leaving me the time to blow. His narrative ended by a statement which left place with numerous questioning:

" A ma sortie de prison j'ai remonté une sacré pente...le juge qui m'a arrêté est même devenu mon avocat !"

After the prison I went back up one crowned slope... judge who arrested me became my lawyer !

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

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9 mars 2009

4-LA COUPOLE

Un soir, je reçus un appel de New York d’un ami musicien. Il me proposait de venir faire les photos de son futur disque et en plus il m'ébergeait à l’Ansonia, un magnifique immeuble Beaux-arts à l'angle de Booadway et de la 73ème rue.

One evening, I receved a call of New York from a friend musician. He offered me to come to make the photographs of his cover record and on top of that lived in the Ansonia, a splendid building Fine arts in the angle of Booadway and the 73rd street.

Ansonia

Tous les soirs il jouait du piano d'ambiance au restaurant la Coupole.

Every evening he played the «  Ambiance » piano in the Coupole.

On dit souvent que Manhattan regorge de surprises à chaque coin de rue. La Coupole en fut une de taille.

Manhattan is packed in surprises in every street corner. The Coupole was a big one.

C'était la réplique presque conforme de la célèbre brasserie du Boulevard de Montparnasse à Paris. Elle était décorée par des toiles collées avec du scotch marron qui donnait un aspect atelier d’artiste. Des Picasso, des Matisse, des Chagall, des Klee, des Dufy, des Degas et d'autres grands peintres. La Coupole était la propriété d'un Playboy français.

It was the almost correspondent of the famous brasserie of the Boulevard of Montparnasse in Paris. La Coupole of New York was full of Picasso, Matisse, Chagall, Klee, Dufy, Degas and other Masters of painting, glued together by brown scotch tape which gave an aspect artist's workshop.   The Coupole was the ownership of a French Playboy.

Situé sur la deuxième avenue, il en avait fait un lieu branché où les mannequins, les avocats et tous les faussaires de la ville se donnaient rendez-vous à la tombée de la nuit. Je ne mis pas longtemps a savoir qui avait fait les toiles accrochées aux murs, ni a rencontrer le peintre : David Stein.

Located on the second avenue, it had made a connected up place where the models, the lawyers and all forgers of the city arranged to meet in night closing. I did not put for a long time has knowledge which had made the paintings, nor has meet the painter : David Stein.

Copyright Stéphane Korb 2009. Reproduction interdite sans autorisation écrite de l'auteur.

8 mars 2009

3-L'ACCORD

- Que vas-tu faire de ces photos, Stéphane ?

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Il répondait par un sourire évasif. Et un ou deux mois après il m'envoyait une coupure de presse, avec les photos publiées. Grâce à lui je restais en contact avec Paris, la France. J'avais l'impression de n'avoir pas entièrement disparu du circuit. Qu'on m'attendait, et qu'il fallait que je réponde à cette attente.
Il a toujours une nouvelle idée d'article, un sujet, une mise en situation. Une fois réalisé, son projet tient debout. Le lendemain il est en Australie ou à Moscou. Si le téléphone sonne à trois heures du matin, je saurai que c'est lui :

- David, tu dors ?

- Non.

Et je n'ai plus qu'à me mettre au travail, ce qui est, pour un artiste, préférable au sommeil.

TROIS PICASSO AVANT LE PETIT DEJEUNER
Par DAVID STEIN avec la collaboration de Hervé Prudon
Copyright Editions Robert Laffont, Paris, 1990.

Avec l'aimable autorisation des éditions Robert Laffont

7 mars 2009

2-LA RENCONTRE

Stéphane Korb n'avait rien du Rouletabille de clown qui vous arrache un sourire, vous le vole. Il était presque ombrageux, ténébreux. Il voulait voir mon atelier, mes projets, mes ébauches, ce que je faisais de plus personnel. Ce type aimait mieux la peinture, l'image, que le scoop. Un free-lance, français, parisien. Nous avons parlé de Paris. Les années 80, les espoirs, les ennuis. "Des ennuis, y en a dans l'monde entier, oui mais dans l'monde entier y a pas partout Paris, v'là l'ennui" dit une chanson de Francis Lemarque. Ce Francis si gouailleur est le père de ce Stéphane, si secret. Après cette expo, Stéphane a placé ses photos. Il publie toujours ses photos, d'abord parce qu'elles sont bonnes, et aussi parce qu'il présente l'affaire comme si sa vie en dépendait. Les gris nuancés qu'il développe sur ses clichés, il les mets dans sa vie. Exigeant, il voudrait que tout soit parfait. Il est capable de me demander de recommencer une toile pour qu'elle soit plus conforme à l'éclairage qu'il désire.

David_Stein

Il me critique. Mais il me suit, il suit mon travail. A une époque où je n'interessais personne sinon ma famille et une poignée d'amis, il revenait me voir, de Paris, je l'hébergeais dans le salon du loft, il photographiait tout.

TROIS PICASSO AVANT LE PETIT DEJEUNER
Par DAVID STEIN avec la collaboration de Hervé Prudon
Copyright Editions Robert Laffont, Paris, 1990.

Avec l'aimable autorisation des éditions Robert Laffont

6 mars 2009

1-NEW YORK 1982

Je n'étais plus un "fait divers", pas encore un peintre, un créateur débarassé des influences. Pas d'affluence à mes expos new-yorkaises, mais une presse amicale, bienveillante, attentive, et des amis, beaucoups d'amis. Des journalistes, des photographes, des artistes, des musiciens, des écrivains, des poètes ! Ces expos, ces cocktails étaient l'occasion de rire, de boire, se déguiser, faire la fête. En 82, c'est le vernissage d'une expo que je faisais à La Coupole, dans la 32e Rue. C'était une réplique assez exacte quoique très américanisée du célèbre restaurant du boulevard Montparnasse. Des journalistes venaient m'interroger. Des photographes se pressaient autour de moi, monsieur Stein, une photo. L'un d'eux s'appelait Stéphane Korb.

I was not any more a "news item", no another a painter, a creator without influences. No influx in my New York exhibitions, but a friendly, attentive press, and friends, lots of friends. Journalists, photographers, artists, musicians, writers, poets! These exhibitions, these cocktails were the opportunity of laughter, to drink, to disguise, to party. In 82, it is the private viewing of an exhibition which I did in La Coupole, in the 32nd Street. It was a rather exact replica, although very Americanized, by the famous restaurant of the boulevard Montparnasse. Journalists came to question me. Photographers hurried up around me, "mister Stein, a photo". One of them was called Stéphane Korb.

Portrait_David_Stein

TROIS PICASSO AVANT LE PETIT DEJEUNER
Par DAVID STEIN avec la collaboration de Hervé Prudon
Copyright Editions Robert Laffont, Paris, 1990.

Avec l'aimable autorisation des éditions Robert Laffont

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Faux garantis sur facture
Faux garantis sur facture
  • La vie de David Stein (1935-1999) faussaire craint et admiré dans le monde de l'art. Poursuivi en 1967 par Joseph Stone assistant du district attorney de Manhattan. Mémoire de Stéphane Korb de 1982 à 1999 entre Paris, Rome, New York et Montréal. EXTRAITS.
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