2-LA RENCONTRE
Stéphane Korb n'avait rien du Rouletabille de clown qui vous arrache un sourire, vous le vole. Il était presque ombrageux, ténébreux. Il voulait voir mon atelier, mes projets, mes ébauches, ce que je faisais de plus personnel. Ce type aimait mieux la peinture, l'image, que le scoop. Un free-lance, français, parisien. Nous avons parlé de Paris. Les années 80, les espoirs, les ennuis. "Des ennuis, y en a dans l'monde entier, oui mais dans l'monde entier y a pas partout Paris, v'là l'ennui" dit une chanson de Francis Lemarque. Ce Francis si gouailleur est le père de ce Stéphane, si secret. Après cette expo, Stéphane a placé ses photos. Il publie toujours ses photos, d'abord parce qu'elles sont bonnes, et aussi parce qu'il présente l'affaire comme si sa vie en dépendait. Les gris nuancés qu'il développe sur ses clichés, il les mets dans sa vie. Exigeant, il voudrait que tout soit parfait. Il est capable de me demander de recommencer une toile pour qu'elle soit plus conforme à l'éclairage qu'il désire.
Il me critique. Mais il me suit, il suit mon travail. A une époque où je n'interessais personne sinon ma famille et une poignée d'amis, il revenait me voir, de Paris, je l'hébergeais dans le salon du loft, il photographiait tout.
TROIS PICASSO AVANT LE PETIT DEJEUNER
Par DAVID STEIN avec la collaboration de Hervé Prudon
Copyright Editions Robert Laffont, Paris, 1990.
Avec l'aimable autorisation des éditions Robert Laffont